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Chroniques archivistiques
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27 mai 2011

Archives et historiens locaux...

Avez-vous remarqué, vous aussi, ces derniers temps, la désertion des services d'archives par ce public sympathique et souvent haut en couleur que forme les historiens locaux et autres chercheurs du dimanche ? Ce n'est pas archives addict qui me contredira sur ce point, nous avons eu une longue discussion sur ce sujet il y a peu.

         Depuis quelques temps, les "sommités" reconnues, dans mes communes, comme spécialistes incontestés de l'histoire du territoire et têtes pensantes de la communauté tendent à se désintéresser complètement des petits trésors que je mets au jour...

         Ce matin, un Monsieur connu comme spécialiste de l'histoire de son village est venu me rendre visite. Je venais juste d'achever le classement et l'inventaire des archives communales et me réjouissais d'avance de lui montrer mes découvertes, sachant qu'il était passionné. Eh bien, croyez moi ou pas, il n'a pas fait le moindre cas des documents révélés. Le désintérêt le plus parfait. Et de me demander : "Moi, ce qui m'intéresse, c'est la liste des prêtres et des instituteurs, vous pouvez me les sortir ?"

         [Et là, abracadabra, l'archiviste sort sa baguette magique à dépouiller, compiler, digérer des mètres de liasses d'archives en un clignement de cil et "tan, tan" : voilà une liste toute prête !!!!!]

         Bref, bien évidemment consternée, je tente tout de même de lui expliquer qu'il ne trouvera pas cela dans les archives communales, ou alors de manière très partielle, et qu'il doit entamer des recherches aux Archives Départementales et aux Archives de l'Evêché. Il me regarde comme si je lui parlais chinois. Moi, dans un élan d'espoir : "Vous êtes déjà allé aux Archives Départementales ?"  "Non"  

         Ah... Et il vient juste de finir d'écrire une monographie communale !! La bonne blague ! Alors, me direz vous, s'il ne puise pas ses informations dans les archives, où peut il donc bien les dénicher ? Facile :

         - "L'arrière petite fille de l'ancien maire qui est à la maison de retraite m'a dit que...", source redoutable de précision !

         - "J'ai trouvé sur Internet que..." Ce à quoi, un peu perverse et passablement agacée, je rétorque "Sur quel site ? Dans quel dépôt d'archives se trouve le document ?" Longues secondes de blanc. L'homme en question, qui se vante depuis une bonne demi heure de sa science et de ses qualités (je suis membre de la société historique et archéologique, je vais être nommé président honoraire de X, je connais bien M. machin, et blablabla) ne veut pas passer pour un amateur devant une petite sotte de 30 ans qui travaille dans une cave finit par me répondre : "Sur François 1er" [Mais bien sûr, qui ne connaît pas François1er.fr !] et de préciser "... sur François 1er foires et marchés ! C'est ça qu'il faut taper... sur le site Gogol" [...] "Vous voulez dire Google, je suppose ?" "Voilà, c'est ça, sur Google ! [très fier]. Vous savez Internet, c'est formidable, on peut tout trouver maintenant, sans sortir de chez soi".

         Il y a encore quelques années, ce genre d'expérience m'aurait fait rire. A présent, elle me consterne car ce Monsieur est loin d'être un cas isolé et qu'il est pris très au sérieux par la population, les élus... Vous allez me dire que les historiens locaux pas très sérieux ont toujours existé. Certes. Mais la plupart étaient tout de même familiers des dépôts d'archives et du travail de dépouillement. A présent, ceux qui passent des heures à fouiller dans les liasses pour y trouver matière à leurs écrits sont de plus en plus rares... En conséquence, les amoureux des archives le sont également.

         Si nous perdons ce public, qui est, finalement, en milieu rural, presque le seul que nous ayons, qui exploitera toute cette matière que nous mettons en ordre, préservons et inventorions ?...

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Commentaires
T
Up...<br /> <br /> J'en ai, plusieurs, des historiens locaux et des qui se détestent entre eux !<br /> <br /> C'est des fois amusant, des fois pénibles.<br /> <br /> Dommage d'abandonner ce blog : Lara Croft aux archives c'était bien :-)
L
Eristof, je ne fais pas, pour ma part, de salle de lecture puisque je suis itinérante mais j'apprécie, dans mes petites communes, d'orienter les quelques curieux dans les fonds d'archives que je traite. Pour cela, je ne compte pas mon temps puisque je renseigne généralement en dehors de mes heures de travail. Je pense donc que vous avez tort de généraliser et je trouve votre post quelque peu agressif et misogyne... Quoi qu'il en soit, tout cela n'a pas grand chose à voir avec le propos initial. Je n'ai évidemment pas critiqué la mise en ligne sur internet, mais bien l'utilisation que l'on fait des archives (numérisées ou non) ou plutôt que l'on ne fait pas... Et puis faire sa généalogie et faire des recherches d'histoire locale en vue de publications sont deux choses bien différentes.
E
Sans vouloir contrarier l'auteur; j'ai personnellement beaucoup de mal à me rendre aux AD; Non pas que ce soit loin et particulierement difficile de s'y rendre, mais voyez vous, lorsqu'on demande a l'archviste où puis je trouver le minutes de l'etudes de maitre machin pour un acte de mariage, on a l'impression de vraiment etre pris pour un demeuré ou au mieux pour une chieur qui vient perturber les 07h00 de sommeil de la dite archivite (generalement une femme dans mon expereince); J'aimerai croire que je sois allé dasn les AD des 5 departerments les moins aimables de l'hexagone, mais je crains que mon sentiment de déranger et de poser une question bete pour trouver un document soit general; en tout cas à mon grand regret j'evite d'allé dasn n'importe quel AD et me rejois de l'arrivée des AD en ligne pour etablir la généalogies des familles qui composaient les villages qui m'interessent, (même si je sis conscient qu'un petit tour au AD etofferait mes reflexions sur l'histoire des dites communes
M
Et c'est ainsi qu'à l'occasion de quelques recherches de base (mais vraiment la base), nous avons découvert, ma collègue du service patrimoine et moi, que la bourrine (habitation typique du marais breton vendéen) que tout le monde date de 1818 (sisi, c'est les gars du Comité d'usager qui l'ont dit quand ils ont fait des recherches-mais lesquelles-au moment de l'ouverture de l'écomusée qu'elle habrite) ne figure en fait pas sur le plan cadastral napoléonien de 1830! Malheureusement, ce n'est pas le seul exemple de "légende" locale mise à mal par une simple vérification des documents d'archives les plus faciles d'accès... Et j'ai bien peur qu'on ne soit pas beaucoup plus prise au sérieux à 40 ans!!
L
Catellenie, je rapportais la citation de ce Monsieur concernant Google et Internet car je la trouvais amusante mais, même sans internet, il ne serait pas allé pour autant aux Archives Départementales... Il se sert également des travaux de ces prédécesseurs et de documents glanés au petit bonheur la chance... Internet ne constitue donc pas, effectivement, le coeur du problème. Je pense qu'il s'agit d'un outil formidable pour les chercheurs de tout poils, pour peu qu’ils maîtrisent l’outil en question et n’oublient pas de vérifier les sources. Si, comme je le dis, les historiens locaux peu sérieux ont toujours existé, il me semble quand même que la situation s'est aggravée ces dernières années... <br /> Peut être que le vrai fond du problème est que nous vivons, avec Internet, dans une société de l'immédiateté dans laquelle nous avons pris l'habitude de trouver rapidement l'information que nous recherchons sans trop fournir d'efforts. Le travail de dépouillement va à contre sens et demande patience et endurance... De moins en moins de « chercheurs », il me semble, ont envie de se lancer dans cette aventure… En tout cas, le désintérêt pour les archives à l'état brut est de plus en plus évident.<br /> Sebavy, je n’ai pas connaissance de méthodes de dépouillement d’archives ou de rédaction de monographies mais il en existe peut être. Pour ma part, tout comme toi, je prends beaucoup de photographies que j’exploite ensuite à la maison. Je les reclasse par dépôt d’archives, par séries, sous séries et cotes. Et je fais des fiches récapitulatives plus ou moins détaillées par cotes qui vont d’un simple résumé d’une pièce ou d'un ensemble de pièces à la transcription complète des documents les plus intéressants. En fonction de tes trouvailles, tu pourras bâtir un plan chronologique et/ou thématique. Je travaille en ce moment sur l’histoire religieuse d'une paroisse (moyen âge à nos jours). J’ai commencé par rédiger un plan très détaillé et, ensuite, pour chaque chapitre et sous chapitre, je reprend chacune de mes fiches pour récupérer les infos susceptibles de m’intéresser. Quoi qu'il en soit, c'est un travail de très longue haleine ! Je te souhaite donc bon courage et surtout de jolies découvertes
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