Crise de foi
Hier, quelques symptômes ont fait leur apparition au cours de la journée. Mais quel mal me ronge ? La pseudo correspondante archives me donne des poussées de fièvre. J'ai chaud et puis froid (selon que je me trouve dans les bureaux ou dans mon local archives). Je frissonne (d'horreur, à la vue de la porcherie qui va m'accueillir pendant 5 jours). J'ai des crampes partout (à force de trimballer des cartons et de passer le balais pour enlever les araignées et les mouches crevées). Une fatigue extrême s'abat sur moi (alors que je répète pour la énième fois que non, le local archives n'est pas un hall de gare). Et puis surtout des nausées terribles, une envie de vomir irrépressible devant l'absence de respect et d'intérêt des collectivités pour lesquelles on bosse.
C'est grave docteur ?
Une petite crise de Foi ?
Ah bon, si ce n'est que ça... une de plus ou de moins.
Une pincée d'optimisme, un zest de courage et de motivation et hop ! Je serai à nouveau sur pieds, fringante, invincible.
Quoi ? Des rechutes sont à prévoir ? Mais pourquoi ?
Ah oui, c'est vrai... Encore quelques remises à jour à faire dans les semaines qui viennent. Deux ou trois formations à des secrétaires qui s'en "fiche complètement des archives mais vas y, explique quand même pour voir".
"Service Archives bonjour ! " [...] "Oui Monsieur ? " [...] "Non, Monsieur... vous ne pouvez pas séparer, dans le classement mis en place, les archives "intéressantes" des archives "administratives" pour les transférer dans votre musée" [...] "Pourquoi ? Comment vous dire...?!!!!"
Seul l'optimisme nous porte. Parfois, on se demande pourquoi, pour qui nous faisons tout ça. Est ce vraiment utile ?! Des mois de travail patient pour ordonner un fonds, le coter, l'inventorier. Et il suffit de quelques années pour que tout cela n'ait servi à rien, si personne ne s'en préocuppe derrière nous. Si un jour nous n'existons plus et que les remises à jour cessent, que deviendront ces années de labeur, ces efforts ? Je suis à présent convaincue que, sans nous pour lutter, les archives reviendraient très vite à l'état sauvage, tel un jardin abandonné. Il est si facile et rapide de défaire ce qui a été si long à faire.
Et qui s'en souciera ? Pas grand monde. Si peu de curieux viennent les voir, nos chères archives, dans les petites communes...
Archiviste itinérant. Métier passionnant mais tache oh combien ingrate. Sans jamais de sensation d'acquis. Tout est indéfiniment à recommencer, à entretenir.
Seul l'optimisme nous porte. Et l'amour de ces archives dont nous connaissons la valeur. Mais sommes nous les seuls ?!